Il est des nuits où le sommeil tarde à venir dans la touffeur obsédante de l’été qui s’annonce…des nuits où des torpeurs ignorées vous mènent aux frontières embrumées d’une improbable réalité.
Derrière les paupières closes les couleurs et les formes s’entrecroisent en ballet , comme dans le kaléidoscope de notre enfance les images se font et se défont , se forment et se déforment , partent pour revenir transformées…images fugitives que l’on voudrait saisir et retenir , enfantées d’un vécu ou de l’imaginaire…c’est l’heure des vies antérieures , des bonheurs ou malheurs passés , l’heure où l’on a les mots pour dire et le regard pour voir.. ; où l’on devient spectateur de fantasmagories qui n’appartiennent à personne d’autre et que certains poursuivent sans cesse au travers de paradis artificiels….l’heure où la réalité la plus banale se pare de la beauté de l’intemporalité…entre conscience et inconscience on s’envole au firmament ou l’on se laisse sombrer au plus profond des abysses…à la poursuite de soi-même.
Photo Yémen 1975