Alors que tombe la nuit

Les chaînes de la balan-soir

La muent en balan-ciel…

et la petite au ballant cœur

s’envole titiller les étoiles…

N’ avez-vous jamais remarqué comme bien souvent les épaves tournent le dos à la mer… ?.. comme si dans un dernier effort elles tentaient de fendre de leur étrave désarticulée la masse sableuse qui les retient prisonnières et les enlise inexorablement au fil des marées…

Etes-vous comme moi saisis par le désespoir pathétique qui transpire de ses lourds squelettes de bois sombres toute fierté ravalée… ??…..devenus perchoirs à goélands….terrain d’aventures pour flibustiers en herbe….ou pire...décharge publique sauvage aux relents de latrines..

Pourquoi pourrissent-elles aussi longtemps sans que personne n’ose les détruire… ???....comme un respect implicite pour les restes d’une machine à défier les tempêtes…à braver les océans…..condamnée éternellement à subir leurs assauts jusqu’à ce qu’il ne reste rien de la proie qui tente de leur échapper…jusqu’à ce que sa dépouille ai rejoint morceau par morceau l’immense ossuaire marin des profondeurs océanes

Arpenter le nez au vent les rues de ma vieille ville…des rues devenues piétonnes pour la plupart , à la recherche d’une trace , d’un repère inchangé…retrouver instinctivement un trajet familier un circuit gravé pour toujoursdans les réflexes qui guident mes pas dans ceux de mes quinze ans…tout est différent et pourtant tellement semblable , comme un être très cher que l’on reconnaît même grimé…même masqué…le décor...les gens...les visages…inconnus…bizarrement je m’attend à chaque coin de rue à me heurter à un sourire qui me dirait « Te voilà revenu…enfin… .tu n’as pas changé…. »….animation colorée…...terrasses…les fanions de la fête qui se balancent au vent par-dessus les têtes sur fond de bleu…je sors d’un long sommeil qui me ramène à ma jeunesse….comme je l’ai fait tant de fois jadis, je longe la rue Albert Mahieu….la rue du Maréchal Foch….la rue du Château….à droite rue des Fossés en direction du quai de Caligny et de l’avant-port…je croise le regard d’un pirate qui me rappelle mes fantasmagories juvéniles….j’ai de la jubilation plein le cœur..

On a tout dit de la grandiose beauté des couchers de soleil…c’en est même devenu un lieu commun , une banalité à la limite du kitsch….et pourtant ,… j’en ai vu beaucoup…partout à travers le monde…ils sont tous différents apportant à l’endroit le plus ordinaire une touche de sublime…

Que dire de la volupté de quitter la grande ville engoncée dans ses miasmes….de rouler quelques heures en direction du couchant….d’arriver le soir dans les odeurs marines… deviner la mer tout près , là … derrière la guirlande de dunes…..sortir fiévreusement de la voiture…s’enfoncer dans le sable brûlant….se piquer aux oyats…. découvrir enfin l’infinie beauté que l’on a tant attendu…tant rêvé…que l’on va parfois chercher si loin alors qu’elle est souvent juste à notre porte…à nous attendre…

..qui nous pourissent la vie de manière insidieuse..qui mettent à jour des terreurs enfouies venues du tréfond de l'enfance et peut-être d'au-delà..

Comme l'anthophobie...la peur des fleurs..qui nous fait croire que toutes , et surtout les plus belles , sont le berceau de forces démoniaques incontrôlables...